La menace nucléaire agitée par Poutine réactive notre conscience de la finitude

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Nous avons, du fait des circonstances, des plus locales aux plus vastes l’occasion de reprendre clairement conscience du fait que nous sommes mortels. Dans un contexte de crise climatique et deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, le monde s’inquiète désormais de voir le président russe Vladimir Poutine agiter la menace de l’arme nucléaire en Ukraine et des conséquences de fin du monde qui en découleraient.
Redécouvrir vraiment que nous sommes mortels pourrait sembler une catastrophe, et c’est tout le contraire. Voici pourquoi : croire que nous sommes immortels, c’est se tromper fondamentalement sur nous-mêmes.
Nos habitudes de faire l’autruche ont la vie dure. Nous avons cru pendant quelques décennies que nous avions dépassé les problèmes les plus importants. Nous sommes devenus hyper-consommateurs, nous parions sur les nouvelles technologies et l’« intelligence artificielle ».
À l’image d’Elon Musk qui promet les premières implantations de puces dans les cerveaux humains dans l’année, nous résistons difficilement aux promesses d’immortalité du transhumanisme, sans réflexion sur ce que cela signifie ou signifierait si l’on rêve à une immortalité acquise grâce aux biotechnologies, entre autres. La recherche du profit à tout crin a aussi de son côté la vie dure. Nous ne jurons que par les marchés et une économie d’entrepreneurs et de start-up. Ceci malgré une crise du climat gigantesque et les conflits de toute part, y compris en Europe… Nous sommes forts pour nous bercer d’illusions. Et nous continuons le plus souvent nos routes comme si de rien n’était.
Nous rêvions d’un contrôle et d’une transparence totale du réel. Jusqu’à l’ivresse. L’ivresse non plus d’un rêve d’immortalité, pis : d’une présupposition d’immortalité. Nous nous posons des problèmes d’immortels. Or nous sommes mortels, le monde tel qu’il devient nous le redit assez.
Mais nous nous entêtons dans ce que l’on a emmagasiné de croyances notamment depuis 1989, depuis ce moment où a pu être crédible un temps le principe « TINA », pour « There is no alternative » (il n’y a pas d’alternative). Sous-entendu, il n’y a pas d’alternative au libéralisme à tout crin, aux nouvelles technologies, à la présupposition que nos corps sont infiniment plastiques, et que l’on peut, sur tous les plans allant de la santé au sexe, en faire absolument ce que l’on veut.

Idéologies d’aujourd’hui
Comme le disait Jacques Brel, nous nous posons des problèmes d’immortels, alors que nous sommes mortels, et nous avons envie de l’oublier.

Mais le redécouvrir a du bon, et plus encore : notre désir d’immortalité entraîne un déni de réalité des autres et de nous-mêmes. Redécouvrir que nous sommes mortels nous éveille de nouveau aux autres, et à nous-mêmes.
Reconnaître notre vulnérabilité et notre finitude a d’abord pour effet la redécouverte du sens de la solidarité. Cela nous ouvre à faire désormais plus attention aux autres que ce qui est de coutume. Par exemple à nos prédécesseurs, aux personnes âgées.
Ces dernières semaines, les cas de maltraitances dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), révélées dans le livre Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet, sont venus rappeler cruellement que le sort des personnes âgées est de plus en plus massivement celui de l’isolement et de l’épuisement.

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