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Le gaz russe devra être payé en roubles dès le 1er avril, prévient Vladimir Poutine

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Le chef de l’Etat russe a souligné que, en cas de refus, « les contrats en cours seront arrêtés ».

Les présidents Emmanuel Macron et Vladimir Poutine participent à une conférence de presse au Kremlin à Moscou, Russie, lundi 7 février 2022 – JEAN-CLAUDE COUTAUSSE

Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé, jeudi 31 mars à la télévision, que les pays hostiles à la Russie devront avoir des comptes en roubles pour régler leurs factures de gaz à partir de vendredi. Le prix du gaz reste cependant libellé dans la devise des contrats en cours, soit le plus souvent en euros ou en dollars.
Vladimir Poutine a ajouté que, en cas de refus, « les contrats en cours seront arrêtés ». Il a rappelé que cette mesure était une réponse au gel de quelque 300 milliards de dollars de réserves en devises dont la Russie disposait à l’étranger, sanction décidée par les Occidentaux en représailles à l’offensive en Ukraine. Dès lors, imposer l’achat de roubles à ses clients « renforce la souveraineté économique et financière » de la Russie, selon le président russe.
Moscou a publié début mars une liste de pays « inamicaux » qui comprend notamment les Etats-Unis, les membres de l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, la Suisse, Taïwan, la Corée du Sud, la Norvège et l’Australie.

M. Poutine a insisté sur le fait que le paiement en roubles n’aurait aucun effet sur les volumes ou les prix, alors que ceux-ci sont formulés dans la plupart des contrats en devises étrangères. De facto, comme l’avait expliqué le Kremlin jeudi matin, les acheteurs devront effectuer une opération de change en Russie.
« Pour celui qui reçoit le gaz russe, qui paie les livraisons, il n’y a dans les faits aucun changement. Ils acquièrent juste des roubles pour le montant en devise qui est prévu dans le contrat », a souligné Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Il a précisé que M. Poutine et le chancelier allemand, Olaf Scholz, ainsi que leurs conseillers, avaient discuté en détail du nouveau système mercredi.
Le chancelier allemand a néanmoins assuré jeudi que les paiements continueront de se faire en euros. « Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars », a expliqué M. Scholz lors d’une conférence de presse avec son homologue autrichien, Karl Nehammer. « J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi » et que « les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront », a-t-il ajouté.

Réduire la dépendance

Le gaz russe est crucial pour l’UE, qui cherche depuis le début de l’offensive de Moscou en Ukraine à se défaire de cette dépendance. Les Vingt-Sept veulent désormais faire des achats en commun de gaz, et les États-Unis vont augmenter leurs livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Europe.

« Il peut y avoir une situation dans laquelle demain (…) il n’y aura plus de gaz russe » et « c’est à nous de préparer ces scénarios-là, et nous les préparons », a déclaré à Berlin le ministre français de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse avec le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck.
Par ailleurs, la Commission européenne a mené des inspections surprises en Allemagne dans des locaux de Gazprom, qu’elle suspecte d’avoir fait monter les prix du gaz en Europe en abusant de sa position dominante.
La décision de passer à une facturation en roubles doit permettre à la Russie de soutenir sa monnaie nationale, chahutée par les sanctions, mais la privera d’une source de devises. D’ores et déjà, la Russie oblige ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80 % de leur chiffre d’affaires en roubles.

Ces mesures et un taux d’intérêt directeur à 20 % ont permis à la monnaie russe de se reprendre. Après avoir considérablement dévissé dans la foulée du début de l’offensive russe le 24 février, elle revient à des niveaux proches de ceux d’avant l’assaut.
Selon les chiffres de la Banque centrale russe, ses réserves – qui incluent encore les 300 milliards bloqués – sont passées, entre le 18 février et le 25 mars, de 643,2 à 604,4 milliards de dollars, donnant une idée du montant de son intervention pour soutenir l’économie russe depuis un mois.

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