L’objectif de la Russie est de s’installer de “façon puissante” dans l’est et le sud et de “dicter durement ses conditions”, a-t-il encore dit.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déjà affirmé que les Russes se préparaient à des “attaques puissantes” dans l’est, notamment sur Marioupol où quelque 160.000 personnes seraient toujours bloquées et dont au moins 5000 habitants ont été tués depuis le début de l’invasion russe le 24 février, selon les autorités locales. Pour les Russes, le contrôle de Marioupol permettrait d’assurer une continuité territoriale depuis la Crimée jusqu’aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass (Donetsk et Lougansk).

Pour l’ancien colonel Michel Goya, consultant défense BFMTV, si la manœuvre de repli s’accélère “clairement”, plusieurs questions se posent encore concernant les intentions des Russes: vont-ils totalement abandonner la région de Kiev? Ils pourraient, selon lui, “essayer de conserver des positions près de la capitale pour maintenir la menace”. Mais étant donné les fortes ripostes de l’armée ukrainienne, ces soldats risquent également, selon lui, de se faire piéger dans cette zone.
Gérard Vespierre, analyste géopolitique, estime que les difficultés rencontrées par les Russes pour renverser Kiev étaient “attendues”: “Le format des forces russes ne permettait pas de prendre le contrôle d’une ville de 3 millions d’habitants”. Cela ne signe pour autant pas une “défaite”. Tout dépend, selon lui, où l’on place “le curseur de la défaite”.
“La défaite signifie soit que les Russes rendent les armes, mais il ne faut pas s’y attendre. Soit qu’ils n’atteignent pas leurs objectifs.

Une semaine après avoir annoncé un repli vers l’est de l’Ukraine, les forces russes ont opéré ce samedi un “retrait rapide” des régions de Kiev et de Tcherniguiv, dans le nord de l’Ukraine, a annoncé Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence ukrainienne. De son côté, Oleksiï Arestovitch, un autre conseiller de la présidence, a assuré que les troupes ukrainiennes avaient “chassé l’ennemi vers la frontière” et que “plus de 30 localités” avaient été “libérées”.
Un mois après le début du conflit, ce redéploiement de l’armée russe dans la région du Donbass, en particulier autour des “républiques” séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, signifie-t-il une défaite pour Moscou? Ou un changement de stratégie?
Une nouvelle tactique “prioritaire”
Ce départ est un moyen “de récupérer des forces, les reconstituer, les recompléter avec des équipements et du matériel, avec l’intention de les réengager dans la zone du Donbass”, analyse Michel Goya.
Un changement de stratégie que craignent, en effet, les autorités ukrainiennes. “Il est tout à fait clair que la Russie a choisi une autre tactique prioritaire”, a écrit le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, sur la messagerie Telegram: “Se replier vers l’est et le sud” pour “garder le contrôle de vastes territoires occupés”.
Et là, c’est toute l’habilité du pouvoir, de créer un flou autour de ses objectifs: s’ils sont manqués, on ne pourra pas reprocher à la Russie d’avoir échoué”, explique-t-il.
Le spécialiste reconnaît cependant que “le temps est un ennemi pour Moscou”. Le pays pensait réaliser une guerre rapide, ce qui est incontestablement un échec, et se retrouve finalement avec un nombre important de morts, de blessés et face à “un grand défi logistique auquel l’armée n’était pas préparée”. Le repli vers l’est “une nécessité”, selon lui.
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