Lors d’un rassemblement à Malatya, le président Recep Tayyip Erdogan a proposé samedi un référendum pour inscrire dans la Constitution le droit de porter le voile dans la fonction publique – un droit déjà acquis en pratique depuis plusieurs années.
Ce n’est toutefois pas le président turc qui a relancé le débat, mais le chef de l’opposition, qui avait proposé début octobre d’inscrire ce même droit dans la loi. Autant de manœuvres politiques à moins de huit mois des élections.
Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (CHP) et possible rival de Recep Tayyip Erdoğan à la présidentielle de juin 2023, avait cru prendre le président turc de court en proposant d’inscrire dans la loi la liberté de porter le voile pour les fonctionnaires.
L’objectif était de rassurer les électeurs conservateurs, dont une partie redoute que les interdits qui pesaient autrefois sur le voile ne réapparaissent aussitôt en cas de victoire de l’opposition. Ces interdits ont tous été levés les uns après les autres ces quinze dernières années par le parti de Recep Tayyip Erdoğan, l’AKP.
Loin de se sentir piégé, le chef de l’État turc a renchéri, en s’adressant à Kemal Kiliçdaroglu : « Si tu en as le courage, viens, soumettons cette question au référendum (…) Que la nation décide ! Nous entrerons dans le “siècle de la Turquie”, le nom d’une nouvelle ère où ce genre de débats sera désormais dépassé. »
Et la réforme ne s’arrêterait pas à la question du voile : le pouvoir souhaite en profiter pour inscrire dans la Constitution une formule qui rendrait impossible toute légalisation du mariage homosexuel.
Défense du voile et « lutte contre l’homosexualité » : deux thèmes de prédilection de Recep Tayyip Erdoğan, qui lui permettent de jouer sur la polarisation de la société turque. Une recette électorale efficace pour lui.
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