Reconduit dimanche à la tête de Parti communiste, le président chinois Xi Jinping a donné le ton et le fil directeur de ce que sera son 3e mandat de cinq ans : « Nous avons créé deux miracles : un développement économique rapide et une stabilité sociale à long terme », s’est-il félicité. Ce mandat commence avec un premier chiffre encourageant. La Chine a en effet connu au troisième trimestre une croissance de son PIB de 3,9% sur un an, selon les données officielles publiées lundi, dépassant les prévisions des analystes malgré le ralentissement provoqué par les mesures sanitaires. Cet indicateur arrive avec six jours de retard, sans annonce préalable ni conférence de presse, contrairement à la pratique habituelle. Sa diffusion avait été reportée à la dernière minute et sans explication.
Bien que sujet à caution, le chiffre officiel du PIB de la Chine – éminemment politique – n’en reste pas moins très scruté compte tenu du poids du pays en tant que deuxième économie mondiale. Un groupe de 12 experts interrogés par l’AFP tablait en moyenne sur une hausse de 2,5% sur un an du PIB sur la période juillet-septembre, alors que la Chine souffre des restrictions imposées dans le cadre de la politique zéro Covid.
Ces mesures, qui entraînent fréquemment la fermeture inopinée d’entreprises et d’usines, pénalisent activité et déplacements, et pèsent lourdement sur la consommation des ménages. Au deuxième trimestre, le PIB de la Chine avait ainsi connu un coup d’arrêt, ne progressant que de 0,4% sur un an, sa pire performance depuis 2020, après 4,8% au premier trimestre.
La Chine a fixé un objectif de croissance annuel, jugé optimiste, d’environ 5,5%
Mais désormais « l’économie présente des signes de reprise », se félicite dans un communiqué Zhao Tonglu, haut responsable du Bureau national des statistiques (BNS). D’un trimestre à l’autre, le PIB augmente également de 3,9%, un bon signe alors qu’entre le premier et le deuxième trimestre, il avait baissé de 2,6%. La Chine a fixé un objectif de croissance cette année d’environ 5,5%, bien plus optimiste que les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) : ce dernier table sur une croissance de 3,2%, soit la plus faible performance depuis 1976, à l’exception de l’année 2020 marquée par la pandémie. D’après un sondage Reuters, la croissance de la Chine devrait ralentir à 3,2% en 2022, bien en dessous donc de l’objectif officiel.
Hausse du taux de chômage, baisse des ventes de détail et recul des prix des logements neufs
a publication des chiffres de la croissance s’est accompagnée d’une série de données économiques moins flatteuses : les ventes de détail, principale jauge de la consommation des ménages, ont ralenti en septembre. Elles ont progressé le mois dernier de 2,5% sur un an, a annoncé le BNS, contre 5,4% en août. De son côté, la production industrielle a rebondi à +6,3% sur un an contre 4,2% en août.
Le taux de chômage en Chine est remonté en septembre à 5,5%, contre 5,3% un mois plus tôt. Ce chiffre dresse toutefois un tableau incomplet de la conjoncture: le taux de chômage en Chine n’est calculé que pour les seuls urbains. Il exclut de fait les millions de travailleurs migrants, particulièrement vulnérables en zones rurales. Beaucoup avaient perdu leur emploi après la première vague épidémique en 2020.
Plus important encore, les prix des logements neufs ont reculé pour le deuxième mois consécutif en septembre, de 0,2% sur un mois.
La politique zéro Covid reconduite, ralentissement des exportations
Par ailleurs, douchant tout espoir de retour à la normale, le président Xi Jinping a réaffirmé lors du congrès du Parti communiste le bien-fondé de sa politique zéro Covid malgré son impact sur l’activité. « Nous plaçons les gens et leur vie avant tout », a justifié l’homme fort de Pékin, en allusion au laxisme supposé des démocraties occidentales . Résultat : Les exportations ont connu en septembre un ralentissement tandis que ses importations restent quasi-stables en raison de l’incertitude économique exacerbée par les mesures anti-Covid.
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ZOOM – les bourses chinoises n’apprécient pas la politique « Zéro Covid »
Peu après l’ouverture ce lundi à Hong Kong, l’indice Hang Seng a sombré de 4,22%, à 15.526,82 points, au plus bas niveau en treize ans. De son côté, l’indice composite de la Bourse de Shanghai a glissé de 0,73% à 3,016,87 points. Les investisseurs attendent nerveusement de savoir la direction que prendra la politique économique de Pékin après la reconduction de Xi Jinping à la tête de la Chine. Sa décision de s’entourer de ses proches alliés favorables à la politique du « zéro Covid » laisse à penser que Pékin n’infléchira pas cette stratégie. « Plus le pouvoir est centralisé, plus le risque d’une mise en œuvre trop zélée de la politique basée sur des directives venant du sommet est élevé », commente Duncan Wrigley, chez Pantheon Macroeconomics.
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