Dans les cours de récréation ou sur TikTok, le mot est devenu assez incontournable. Ce mot c’est “quoicoubeh !”. Que veut-il bien dire ? Une linguiste explique.
Si vous avez un ou des enfants à l’école primaire ou au collège, vous l’avez forcément entendu depuis le début de l’année. C’est le mot “quoicoubeh”. Un mot qui se prononce en accentuant la dernière syllabe. Vous ne savez pas ce que ça veut dire ? Normal, le mot n’est pas encore arrivé dans le dictionnaire. Et ce mot ne veut rien dire.
Le principe du “quoicoubeh” est enfantin. Et très bête aussi, il faut bien le dire. Il consiste à tendre un piège verbal à un copain, un parent voire un enseignant pour les moins timides. Pour y jouer, rien de plus simple. Vous posez une question en faisant exprès de marmonner la fin de la phrase. Vote interlocuteur est censé vous répondre : “quoi ?” Et là, vous lui répondez “quoicoubeh !” C’est tout. Le dialogue s’arrête là.
La première fois que ce mot est apparu, c’est le 13 décembre 2022, sur le compte TikTok La Vache. En moins de quatre mois, le #quoicoubeh a dépassé les 130 millions de vues sur le réseau social. À tel point qu’aujourd’hui, “quoicoubeh” devient, chez certains jeunes, un tic de langage.
La linguiste Julie Neveux a analysé le phénomène dans Le Point : “Le langage est fait pour construire du sens à deux, c’est le dialogue. Or là, véritablement, ‘quoicoubeh’ arrive comme une sorte d’interjection qui vient saper ça, qui vient démonter le système dialogique. C’est comme une sorte de mini-défi, de mini-pulsion nihiliste destinée à semer le chaos dans l’interaction linguistique classique”. Elle poursuit : “Vouloir piéger l’autre, mais surtout les profs ou les parents, c’est une forme de posture autoritaire. On le piège parce qu’il a cru qu’on allait lui donner une information. Et au lieu de donner cette information, on reprend la fin de sa phrase “quoi”, on s’en moque, “quoicoubeh”, et on le fait radoter”.
Auphélia Ferrera est enseignante en Science du langage à l’Université Sorbonne Nouvelle. “Les ados ont parfois besoin de désigner de nouvelles choses, mais utilisent aussi la langue pour s’identifier à un groupe”, a-t-elle expliqué sur Europe 1. Elle y voit aussi “une manière de ne pas pouvoir être compris des membres extérieurs du groupe, ce qui se fait par exemple beaucoup au collège, où on s’amuse de voir le professeur ne pas comprendre ce qui est en train de se dire”. Preuve que le français, comme toutes les langues, est en constante évolution.