Une nouvelle piste se dessine pour expliquer le Covid long.
De nouveaux travaux menés par des équipes de recherche de l’Inserm de l’université Paris-Cité en collaboration avec l’université de Minho à Braga (Portugal), viennent de montrer que le Covid long pourrait s’expliquer biologiquement.
Jérôme Estaquier, auteur de ce travail, explique à Lucie Bouteloup les principales conclusions de cette étude menée sur plus de 120 personnes : « Nous avons pu observer, après six mois d’infection, que chez les personnes chez qui on pouvait détecter des formes longues, on a pu identifier des biomarqueurs qui étaient présents dans le sang de ces personnes. »
« Un déficit de défense immunitaire »
« L’autre point qu’on avait pu observer, poursuit Jérôme Estaquier, c’est que rétrospectivement, ces formes longues étaient plutôt associées à des personnes qui avaient fait des formes plus graves, avaient donc un déficit de défense immunitaire plus important et donc qui pouvait suggérer qu’au début de l’infection, plus les atteintes étaient importantes, plus le virus pouvait donc circuler, en particulier au niveau de l’intestin, en tout cas du système gastro-entérite et dans lequel en fait, des infections virales ou parasitaires peuvent persister. »
« Par ailleurs, ces biomarqueurs ouvrent donc de nouvelles perspectives à la fois dans le suivi des malades, mais aussi ouvrent des perspectives quant à leur prise en charge, en particulier par l’utilisation peut-être d’antirétroviraux ou d’antiviraux qui permettrait effectivement l’élimination de ce virus résiduel, et donc de réduire peut-être les formes ou les conséquences de cette persistance virale », conclut le chercheur.
Un ou plusieurs symptômes
Fatigue, toux, essoufflement, fièvre intermittente, perte du goût ou de l’odorat, difficultés de concentration, dépression… le Covid long se manifeste, selon l’OMS, par un ou plusieurs symptômes, généralement dans les trois mois après l’infection, persistant au moins deux mois et ne s’expliquant par aucun autre diagnostic, écrit l’AFP. Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’OMS, a déclaré fin avril 2023 qu’une infection sur dix se traduisait par un Covid long, suggérant que des centaines de millions de personnes pourraient nécessiter des soins de longue durée.