À l’heure où beaucoup d’entre nous s’efforcent de perdre du poids dans le cadre de leur résolution du Nouvel An, les entraîneurs personnels à intelligence artificielle peuvent-ils remplacer les entraîneurs humains ?

“Je n’avais jamais mis les pieds dans une salle de sport auparavant, explique Varun Bhanot, directeur général de la société de logiciels de fitness Magic AI. Je trouvais cela trop intimidant. C’est également très cher et peu pratique lorsqu’il faut se déplacer pour s’y rendre.”

Lorsque M. Bhanot a appris, il y a quelques années, qu’il devait perdre du poids sous peine d’avoir des problèmes de santé, il a transformé sa vie avec l’aide d’un entraîneur personnel – un humain.

Mais M. Bhanot s’est rendu compte que les conseils d’un chatbot de fitness IA, à la disposition des gens chez eux, pourraient rendre un mode de vie sain plus accessible. C’est ainsi qu’en 2021, il a créé Magic AI.

Son principal produit, le Magic Mirror, est un miroir à écran tactile qui diffuse également une vidéo d’un entraîneur doté d’une IA sous forme humaine.

“Lorsque vous vous connectez, vous entrez toutes vos données biométriques, puis l’IA génère un programme personnalisé, tout comme un entraîneur personnel humain”, explique-t-il.

L’entraîneur IA peut vous parler via des haut-parleurs et, grâce à des caméras qui suivent vos mouvements d’entraînement, il vous offre un retour d’information et des suggestions instantanés. Au fur et à mesure de vos progrès, il conçoit de nouvelles séances d’entraînement.

L’entraîneur IA intervient alors que l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les secteurs mondiaux du fitness et du bien-être continue de monter en flèche. Un rapport estime que le marché valait 7,8 milliards de dollars US en 2022 et prévoit que la valeur passerait à 35,6 milliards de dollars US d’ici à 2030.

Le nombre applications de fitness utilisant l’IA se multiplie : Aaptiv, FitnessAI, Fitbod, Freeletics, VI Trainer et Whoop. En même temps, certaines personnes demanderaient tout simplement au chatbot ChatGPT de concevoir des séances d’entraînement pour elles.

L’augmentation du nombre d’applications de fitness alimentées par l’IA suggère que certaines personnes se sentent plus à l’aise pour interagir avec un ordinateur qu’avec un humain. Pour d’autres, il s’agit simplement de la commodité d’avoir un coach sportif dans leur poche.

Mais l’IA peut-elle vraiment reproduire la motivation qui découle de l’interaction humaine ?

Esther Fox, professeur de Pilates et physiothérapeute, ne le pense pas. “Les gens veulent parler à quelqu’un qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance, explique-t-elle. L’IA n’est pas quelque chose que j’aimerais particulièrement utiliser.”

Selon Mme Fox, pour obtenir des résultats, il faut établir un lien avec les gens. “Lorsque les gens se sentent entendus et compris, ils vous écoutent et font ce que vous voulez, dit-elle. C’est une expérience très humaine.”

“Il y a beaucoup d’intelligence émotionnelle dans la santé et la forme physique que l’on ne peut pas remplacer par l’intelligence artificielle”, relève Mme Fox.

En revanche, la sprinteuse britannique Desiree Henry, médaillée de bronze aux Jeux olympiques, est l’une des voix et des corps des entraîneurs IA qui apparaissent sur l’écran des miroirs de fitness Magic AI.

“Même si vous vous entraînez seul à la maison, vous avez l’impression que quelqu’un vous soutient tout au long de la séance”, explique-t-elle.

M. Bhanot précise que l’idée n’est pas de remplacer les salles de sport, mais de travailler en parallèle, “comme Netflix et le cinéma, la livraison de nourriture et les restaurants”. L’IA offre une autre option aux personnes qui apprécient la flexibilité et la commodité, précise-t-il.

Alors que la plupart des applications de fitness par l’IA sont conçues comme une activité solitaire, la première salle de sport a ouvert ses portes, où les gens peuvent s’exercer ensemble, tous entraînés par des coachs de l’IA.

Dans le studio sombre de Lumin Fitness à Dallas, au Texas, des écrans LED tapissent les murs d’où des entraîneurs personnels assistés par ordinateur guident jusqu’à 14 personnes à la fois dans des séances d’entraînement personnalisées ou des séances d’entraînement par intervalles à haute intensité.

Chaque personne a son propre poste de travail, où un écran masque des capteurs qui suivent les mouvements de l’utilisateur, ainsi que l’équipement spécialement conçu pour la salle de sport, notamment des haltères, des ballons médicinaux et des cordes à sauter.

L’IA leur fournit ensuite un retour d’information verbal par l’intermédiaire d’un casque.

“Les capteurs installés dans le studio peuvent surveiller chaque membre de la classe, contrôler la forme et donner un retour d’information sur chaque mouvement”, explique Brandon Bean, cofondateur et directeur général de Lumin Fitness.

Toutefois, un entraîneur humain est également présent dans la salle. “Nous n’essayons pas de remplacer le talent des entraîneurs, ajoute M. Bean. Nous leur donnons des outils pour qu’ils puissent offrir une meilleure expérience.”

“L’entraîneur joue un rôle très important dans la construction d’une communauté. Ces félicitations en personne, ces sourires. Il y a des choses que l’on ne peut pas reproduire.”

La physiothérapeute Lucy McDonald estime que “si l’IA est programmée correctement, elle a un énorme potentiel pour aider les gens à progresser dans leurs exercices”.

Toutefois, elle met en garde contre le fait que l’IA pourrait ne pas toujours faire les choses correctement, et que les gens devraient donc toujours vérifier avec un expert humain avant de risquer le surentraînement ou une blessure.

M. Bean estime que les applications de fitness basées sur l’IA vont continuer à s’améliorer. “Du point de vue de l’industrie, nous n’en sommes qu’au tout début”, signale-t-il. “Mais l’une des caractéristiques les plus brillantes de l’IA est sa capacité d’apprentissage. Elle n’est pas encore parfaite, mais au fur et à mesure qu’elle apprendra, l’IA de remise en forme s’améliorera.”