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“21 mai 1844 : « Tu mérites le ciel ».
Que veux- tu que je t’écrive ? Que veux- tu que je te dise ? Je suis plein de toi. Depuis plus de onze ans, n’as-tu pas mon souffle, mon sang, ma vie ? Que puis-je t’apprendre que tu ne saches ? N’es-tu pas au commencement et à la fin de toutes mes pensées ? 0 ma bien-aimée, il me semble que tu es devenue moi-même, et que quand je te parle, je parle à mon âme. – Lis donc ce qui est en moi et vois comme je t’aime.
Tu as été longtemps ma joie ; maintenant tu es ma consolation. Ton regard est si charmant, ton sourire est si ineffable et si doux, tu répands autour de toi un tel rayonnement de grâce, de dévouement et d’amour que j’oublie mon deuil et que je sors de ma nuit en te regardant ! Tout frappé et tout brisé que je suis, il me semble, quand je suis près de toi, qu’il peut encore entrer un peu de lumière dans mes yeux et un peu de bonheur dans mon âme ! – Je t’aime, mon pauvre ange ! Tu as tous les trésors qu’une femme peut avoir dans le cœur et dans l’esprit. Tu es riche, va ! Tu t’es élevée par le plus noble amour à la plus haute vertu.
Toi qui m’as ôté tant de jours de deuil, toi qui m’as fait tant de jours de fête, aie un jour de fête aujourd’hui ! Sois heureuse comme tu es bénie ! Sois heureuse comme tu es bonne ! Sois heureuse comme tu es aimée ! Ecarte de ton beau front et de ton grand cœur les petits chagrins du moment, les ombres, les nuages qui passent ! Tu mérites le ciel. Je voudrais que Dieu te le donnât sans t’ôter à moi ! Qu’il te fît ange en te laissant femme ! – Je t’aime !”
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