Nous avons posé la question à des experts militaires et de l’aviation civile qui nous ont expliqué la procédure qui peut aller jusqu’à la destruction de l’appareil belligérant.
La tension monte vis-à-vis de la Russie, qui a annoncé ce dimanche la mise en alerte de sa force de dissuasion. Mais que se passerait il si un avion militaire belligérant pénétrait dans l’espace aérien européen? Depuis 1961, une police du ciel a été mise en place par l’Otan pour couvrir l’Europe d’Est en Ouest. Elle dispose de bases dans les États baltes, en Pologne, en Adriatique, en Islande et au Benelux.
En France, l’éventualité d’une attaque aérienne a également été prise en compte dès les années 1960. L’Armée de l’Air et de l’Espace dispose d’une permanence opérationnelle disponible 24 heures sur 24, 365 jours par an. Cette police du ciel composée d’avions de chasse et d’hélicoptères a été renforcée après les attaques du 11 septembre 2001.”Huit appareils de combat armés, des Rafale ou des Mirage 2000, sont répartis sur quatre bases à Mont de Marsan, Orange, Saint-Dizier et Evreux”, indique à BFM Business l’armée de l’Air et de l’Espace. “Ils peuvent intervenir en moins de 10 minutes si un appareil, militaire ou civil, entrait sans autorisation dans notre espace aérien.”
1. Une prise de contact visuelle et audio
Dès l’alerte, la police de l’air décollera pour intercepter l’appareil belligérant, c’est-à-dire lui faire comprendre qu’il doit retourner d’où il vient. Pour cela, les pilotes suivent une procédure internationale: elle démarre par un contact visuel (regards, gestes avec les mains) puis par audio sur une fréquence radio dédiée.”Tous les pilotes civils connaissent ces codes pour pouvoir y répondre s’ils sont perdus ou si leur système de communication est en panne”, signale à BFM Business Gérard Feldzer, ancien pilote et président de l’association “Aviation sans Frontières”.
2. Des manœuvres de dissuasion
Si l’appareil persiste, les pilotes de la police de l’air effectueront alors des gestes aéronautiques de dissuasion.”Il s’agit de montrer notre détermination et notre capacité de réaction. Le pilote va d’abord faire des mouvements d’ailes, puis un roulis pour dévoiler l’armement installé sous l’appareil”, explique l’armée de l’Air et de l’Espace.
3. Des tirs de sommation, avant la destruction de l’appareil
Si l’appareil ennemi ne tient pas compte de ces avertissements, le pilote pratiquera des tirs de sommation – soit des leurres, soit à côté. Et enfin, s’il continue, ordre pourra être donné de le détruire.”Cet ordre ne peut provenir que du Premier ministre garant de la sécurité intérieure, mais ce cas est hautement improbable”, précise l’armée de l’Air et de l’Espace.
“Et puis, avant d’arriver en France, l’avion devra traverser l’espace aérien d’autres pays européens qui disposent d’une force aérienne similaire à la nôtre”, poursuit l’armée. “Les pilotes de l’Otan se relaieront pour raccompagner le pilote hors de nos limites.”
Si cette situation n’est “jamais arrivée”, des alertes de violation de l’espace aérien de la France se produisent “régulièrement” avec des avions militaires de transport.”Ils nous testent, mais sont interceptés bien avant qu’ils n’arrivent dans l’espace aérien surveillé par l’Otan. On les guide pour leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas entrer et tout se passe bien.”
Mais parfois, ce sont des appareils des pays de l’Otan qui se font “intercepter” par la Russie. En décembre dernier, Moscou a fait décoller trois chasseurs Su-27 pour rappeler à l’ordre deux chasseurs français (un Mirage 2000 et un Rafale), un ravitailleur KC-135 de l’aviation française et deux avions de reconnaissance américains, un CL-600 Artemis et RC-135. Après un simple contact visuel, les cinq appareils ont fait demi-tour et les Sukhoï sont rentrés à leur base.
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