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La France avait des armes nucléaires tactiques! Quand?

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Défilé du 14 juillet 1982, des missiles Pluton attendent sur le rond-point de l’Étoile, en face de l’Arc de Triomphe, avant de descendre les Champs-Élysées. © ROBERT PATRICK/SIPA / SIPA / ROBERT PATRICK/SIPA

La Russie mène actuellement des exercices avec des armes nucléaires non stratégiques (en anglais, non-strategic nuclear weapons ou NSNW). Le pays est le dernier à opérer une distinction entre stratégique (cibler les villes ennemies en cas de menace existentielle) et tactique (frapper des objectifs militaires sur le champ de bataille).

En France, la dissuasion nucléaire « vise à prévenir toute ambition d’un dirigeant d’État à s’en prendre aux intérêts vitaux de la France, par l’assurance que les forces nucléaires sont capables d’infliger des dommages absolument inacceptables à ses centres de pouvoir ». Elle repose sur environ 300 têtes nucléaires, qui peuvent être tirées depuis les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et des avions rafale.

Lance-roquette nucléaire

Mais de 1974 à 1993, l’Hexagone était aussi équipé d’armes nucléaires tactiques : les missiles Pluton. L’idée remonte aux années 1960. Mine, torpille, missile air-sol, antinavire… Tout type d’armes ou presque peut se voir accoler le terme de nucléaire, dans de nombreux pays. Aux États-Unis, on expérimente même le Davy Crockett (hommage au célèbre trappeur mort lors du siège de fort Alamo en 1836), un lance-roquette sans recul tirant un obus nucléaire équivalent à une puissance de 20 tonnes de TNT.

À l’Est comme à l’Ouest, on imagine alors un futur champ de bataille européen nucléarisé. Certaines zones seraient rendues infranchissables par les retombées radioactives. Les soldats s’équipent en combinaison de protection, quand les blindés deviennent étanches, en adoptant des normes contre les menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimique (NRBC).

Portée limitée

En France, on développe donc le missile Pluton. Tiré depuis un châssis chenillé d’AMX-30, il bénéficie d’une puissance équivalente à la bombe larguée sur Hiroshima (12 kilotonnes). « Il ne vise pas les villes ennemies, mais les concentrations de troupes adverses », comme l’explique un reportage de 1974. Les Pluton doivent alors équiper six régiments d’artillerie en 1977, à raison de huit lanceurs par unité. Il faut environ compter 30 minutes avant d’effectuer un tir, le temps de monter la charge nucléaire sur le missile et de rentrer les coordonnées de la cible. Le président de la République reste le seul à pouvoir donner l’ordre d’effectuer un tir.

Mais sa portée, limitée à 120 km, fait grincer des dents les Allemands. Car en cas d’utilisation face aux troupes soviétiques, c’est donc le territoire de l’Allemagne et sa population qui seraient touchés. « Avec l’apparition d’arme tactique, la bombe atomique rôde sur les champs de bataille. Moins redoutable en apparence, mais n’est-ce pas là précisément que réside le danger ? s’interroge le journaliste. Les armes stratégiques paraissent inutilisables en raison même de leur puissance terrifiante. C’est tout le principe de la dissuasion. Des armes moins redoutables ne risquent-elles pas de faciliter l’escalade nucléaire ? » La chute de l’URSS et les dividendes de la paix sonneront finalement le glas des missiles Pluton en 1993.

Défilé du 14 juillet 1982, des missiles Pluton attendent sur le rond-point de l'Étoile, en face de l'Arc de Triomphe, avant de descendre les Champs-Élysées. 
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